Extrait de la page 13 :
Ces premières œuvres en fer, laiton et bronze, réalisées en pièce uniques ou à 7 exemplaires, utilisaient un matériel particulier.
Les tôles étaient soudées à l'étain ou boulonnées pour les parties devant être démontables. Des fils de bronze étaient nécessaires pour border les tôles. Des tubes de laiton coulissants, les uns dans les autres, servaient à faire des mâts, des bielles des supports, des armatures. J'utilisais aussi des profils en I, en U, en T, de formes multiples et complexes…
Toutes ces fournitures étaient à la taille de mes "jouets", de très petite dimension et difficiles à trouver …
Pour la décoration en relief des œuvres de cette première exposition je martelai le métal et l'estampai au marteau sur un tas en plomb ! C'était évidemment très long à réaliser pour un résultat imprécis…. Débordé de commande dès la première exposition de 1974, il fallait absolument que je trouve un matériel véritablement professionnel afin de pouvoir tenir les délais et conserver des prix abordables !...
Les estampeurs
C'est dans le quartier du marais, que j'ai découvert le véritable Graal de l'ornement métallique : les estampeurs !
Ils pratiquaient l'emboutissage et le façonnage des métaux pour produire des sujets et motifs décoratifs en métal d'une variété extraordinaire. Ils occupaient d'improbables boutiques-ateliers, constitués de couloirs labyrinthiques, tapissés sur tous les murs, du sol au plafond, de milliers de petits tiroirs de bois.
"Wagner", au 82 rue des Archives, avait été fondé vers la fin du XVIII e siècle. Il y avait plus de 17 000 modèles bien rangés dans autant de tiroirs, peints en un vert-pré incertain, délavé par deux siècles de poussière. Sur leur face était fixé avec du fil de fer, un exemplaire de l'estampe qu'ils contenaient. Et c'était l'arrière, arrière-petit-fils du fondateur qui vous recevait ! "Gruson", rue des 4 fils, avait plus de 20 000 modèles. La même estampe pouvait se trouver en 6 dimensions différentes…Dans une salle, derrière le hall d'accueil on pouvait voir les estampeurs au travail devant leurs machines. Ils dévidaient, 8 heures par jour, des rouleaux de feuille de laiton ou de cuivre entre le poinçon et la matrice de leur presse à emboutir....